Saskia van Kampen Canadienne

Œuvres
Biographie

 

 

Le travail de Saskia van Kampen se situe à l’intersection du design et de l’artisanat. Utilisant un amalgame de diverses disciplines, dont le dessin, la peinture, la gravure et la typographie, van Kampen préconise toutefois les techniques de couture et de broderie. Elle utilise ces techniques ironiquement pour dénoncer et perturber les représentations de la femme dans la société. En transformant des matériaux qui soutiennent les notions contemporaines de l’identité féminine, les pièces de van Kampen critiquent le rôle joué par les médias dans la définition des rôles publics et privés de la femme.

Les arts de la couture et de la broderie sont, depuis l’ère Victorienne, largement associés à la féminité et à la domesticité. On considère historiquement ce travail minutieux, symbole de docilité, car effectué en silence, les yeux baissés, comme un élément révélateur de la capacité d’une femme à remplir son rôle d’épouse. Dans sa série Virgin|Whore, van Kampen utilise la broderie sur les fameuses doubles-pages centrales de magazine Playboy, datant des années 1960 et 1970, dans une tentative de renverser le statut d’objet des modèles. À l’aide d’une aiguille et de fil, elle couvre (ou habille) partiellement les mannequins posés de manière suggestive à la plage, sur une voiture ou encore dans une piscine. Ironiquement, l’objectification de la femme et la broderie sont, dans les œuvres de van Kampen, tout autant oppressantes et répressibles l’une que l’autre.

Dans cette série, la technique de la broderie est combinée à une imagerie inattendue et à un support inhabituel. La broderie est habituellement réalisée sur des étoffes de coton où les mailles se rétablissent après le passage de l’aiguille. Or l’artiste utilise cette technique sur du papier, une matière significativement moins malléable que le tissu, qui conserve la trace de l’aiguille, affaiblissant ainsi la résistance et la robustesse du support. Il existe dans les œuvres de Saskia van Kampen plusieurs niveaux de compréhension, appuyant chacun les revendications de l’artiste. Alors que l’intelligentsia féministe voit dans le travail de l’aiguille une évocation du stéréotype de la vierge en opposition à la prostituée, van Kampen condamne, dans sa série du même nom, ces rôles dictés et imposés par la société. Et ceci, autant dans la forme que dans la technique qu’elle utilise. La riche dichotomie entre la technique et l’idéologie est évidente dans les œuvres de van Kampen. Cependant, les couleurs vives et l’interaction ludique entre l’artisanat et la technique des œuvres trahissent une dimension plus sombre. Les œuvres de l’artiste et designer insinuent qu’encore aujourd’hui, on perçoit l’artisanat comme une forme artistique inférieure, associée à l’oppression et l’objectification de la femme.

Originaire de Toronto, Saskia van Kampen est designer graphique de formation. Ses œuvres ont été présentées dans plusieurs expositions au Canada. Boursière du Conseil de recherches en sciences humaines en 2013, van Kampen enseigne, parallèlement à sa carrière artistique, à la faculté de design de l’OCAD University.